Sayyida Aïsha al-Mannûbiyya - La Sainte de Tunis

Née v. 1198 à La Manouba,Tunisie

Morte en 1267 à Tunis, Tunisie

A l’océan de l’amour, je me suis abreuvée,

Par la porte de la Proximité, je suis entrée,

J’ai vu le Royaume,

En présence de l’Aimé anéantis étaient les amoureux,

Puis l’Aimé m’apparut,

A l’instant, comblée, je fus.

– Sayyida Aïsha al Mannûbiyya

Liens

Article de Nelly Amri "Quand "l'Homme parfait" est une femme"

Bibliographie
  • AMRI Nelly, La Sainte de Tunis, Présentation et traduction de l’hagiographie de ‘Aisha al-Mannûbiya, Paris, Sindbad-Actes-Sud, 2008
  • BOISSEVAIN Katia, Sainte parmi les saints, Sayyda Mannûbiya ou les recompositions cultuelles dans la Tunisie contemporaine, Paris, Maisonneuve & Larose, 2006

Lalla Aïsha al-Mannûbiyya est aujourd’hui la Sainte la plus vénérée de Tunisie. Elle est née à La Manouba, un village situé à 6 km de Tunis. Dès son plus jeune âge, elle est « ravie en Dieu » et même considérée comme folle par son entourage.

 

A l’âge de douze ans, elle reçoit une vision de al-Khadir, l’initiateur des saints et des prophètes. Lalla Aïsha déclare qu’elle est « le Pôle du temps », c’est-à-dire au sommet de la hiérarchie ésotérique des saints. Certains pensent que Sayyida Aïsha était une élève de l’Imam Abu’l Hasan al-Shâdhilî (m. 1258) connu sous le nom de Sidi Belhassen en Tunisie.

 

On sait assez peu de choses sur son parcours, sauf qu’elle menait une vie ascétique et qu’elle répondait aux nombreuses sollicitations de ses contemporains en se mettant à leur service. Elle est devenue très populaire et on rapporte qu’elle avait le pouvoir d’accomplir de nombreux miracles.

 

Deux sanctuaires sont dédiés à la mémoire de Sayyida Aïsha al Mannûbiyya : Le premier à La Manouba, construit sur l’emplacement présumé de la maison paternelle et l’autre à Tunis.

— Catherine Touaibi

 
Récit de voyage

5 avril 2010. Le sanctuaire de Lalla Aïsha al-Mannûbiyya est un lieu féminin : Un tombeau d’une femme sainte avec une gardienne et les visiteurs sont uniquement des femmes; en tout cas ce jour-là. C’est le premier pays que je visite où des femmes sont gardiennes de sanctuaires et cela me touche.

 

Najwa, la gardienne, nous salue en nous aspergeant avec de l’eau puis elle nous invite à entrer dans le sanctuaire. Délicatement elle dépose une boule de Henné au creux de ma main et y ajoute un peu de sa salive !.... Il paraît que c’est une vieille tradition. En fermant la main, je sens un courant de chaleur qui envahit tout mon corps.

 

A deux reprises, je me tape la tête contre la porte en bois de l’espace sacré. J’en suis interloquée, mais la gardienne rit aux éclats et me dit d’un air sérieux que c’est la Baraka (bénédiction) de Lalla Mannûbiyya. Elle lit un verset du Coran, récite des invocations. Puis elle dépose un manteau vert sur mes épaules. Je reste là, comblée. En silence. Cette visite est une belle expérience, une vraie rencontre, au-delà des mots.

– Catherine Touaibi