Cheikh Ahmad al-'Alâwî – La voie vers la Paix

Né le 13 octobre 1869 à Mostaganem, Algérie

Mort le 14 juillet 1934 à Mostaganem, Algérie

Que chacun repère bien la place qui lui revient dans l’ensemble de la société et qu’il s’interroge sur son activité ou son inertie, ainsi que sur la valeur et l’utilité de son action.

– Cheikh Al-'Alâwî

 

Le maître spirituel est à l’image d’une bougie allumée qui se consume en illuminant les autres jusqu’à ce qu’une autre bougie vienne la remplacer.

– Cheikh Al-'Alâwî

 

Ne délaisse pas ton âme, ne la prends pas en aversion, mais accompagne-la plutôt, et scrute ce qui est en elle.

– Cheikh Al-'Alâwî

 

Liens

› En 2015, l’UNESCO lui rend hommage lors du Colloque « L’islam spirituel et les défis contemporains » qui s’est tenu à Paris les 28 et 29 septembre et a rassemblé plus de 1600 personnes : infos, programme, photos.

› La Fondation Adlania loue une exposition consacrée au Cheikh al-'Alâwî, une école de convivialité et de tolérance.

Bibliographie

› LINGS Martin, Un saint soufi du XXème siècle, Paris, Seuil, « Points », 1990

› GEOFFROY Eric, Initiation au soufisme, Paris, Fayard, 2003

› BENTOUNES Khaled Cheikh, « Un nouveau regard sur la vie et l’oeuvre du cheikh Ahmad al-‘Alâwî » dans Les Voies d’Allâh, Les ordres mystiques dans le monde musulman des origines à aujourd’hui. Sous la direction d’Alexandre Popovic et Gilles Veinstein, Paris, Fayard, 1996

› EXPOSITION consacrée au Cheikh al-Alâwî, Une école de convivialité et de tolérance, AISA ONG Internationale et Fondation Adlania, 2015

Fondateur de la confrérie Alâwiyya

Ahmed Ibn Mustafâ Benalioua connu plus tard sous le nom de Cheikh al-'Alâwî est un maître soufi né en 1869 à Mostaganem en Algérie. Il est le fondateur de la confrérie soufie Alâwiyya, un des mouvements soufis les plus importants du XXème siècle. Longtemps méconnu en dehors des cercles de l’Islam soufi, le Cheikh al-‘Alâwî est une des figures mystiques majeures de son temps.

 

Après avoir passé quinze ans au service de son maître, le Cheikh al-Bûzaydî, il lui succède à sa mort en 1909 et devient le revivificateur de la Voie soufie Shâdhiliyya-Darqâwiyya. Le Cheikh al-‘Alâwî a su harmoniser tradition et modernité pour donner une nouvelle dynamique à l’enseignement ésotérique de l’islam. Successeur d’une chaîne ininterrompue de 40 maîtres soufis, cet humaniste laisse un important enseignement de sagesse pour notre époque.

 

Penseur, écrivain, journaliste, réformateur, il a été l’un des principaux initiateurs du dialogue interreligieux au siècle dernier et une figure de proue de la lutte contre tout obscurantisme et extrémisme dans une Algérie blessée par le colonialisme. Le Cheikh al-‘Alâwi, qui a laissé une œuvre immense, dans les domaines de la poésie, la théologie, la philosophie, la métaphysique et le journalisme, est pourtant un parfait autodidacte.

 

Son œuvre considérable et son message furent répandus rapidement dans le monde entier. Le Cheikh al-‘Alâwî a été le premier maître soufi à introduire cet enseignement en Occident avec l’établissement de la première zâwiya (lieu d’enseignement soufi) en France en 1924. On rapporte qu’il déconseillait à ses disciples vivant en Occident de porter des vêtements religieux traditionnels dans la rue ; on est dans les années 20 ! En 1926, il assiste à l’inauguration de la première mosquée à Paris.

 

Visionnaire, ayant compris avant l’heure le rôle de la communication, il anticipe l’influence déterminante des médias et leur impact sur l’évolution des consciences. Il est le premier Cheikh soufi à créer un journal alors que d’autres savants musulmans débattent encore de la validité d’imprimer ou non le Coran ! Il organise régulièrement des congrès lors desquels il réunit l’élite des penseurs algériens qui aspiraient à un renouveau dans la société.

 

Le Cheikh al-‘Alâwî structure le déroulement des retraites spirituelles (khalwa) pour ses disciples afin qu’ils puissent peu à peu se libérer des limites de leur conditionnement, purifier leur cœur et leur âme, se débarrasser des voiles qui limitent les sens, se consacrer à l’invocation, vivre un état d’unité, une relation intime avec le Divin.

 

Le nombre de ses disciples est en constante augmentation. L’administration coloniale rapporte qu’en quelques semaines, 14'000 personnes ont pris l’attachement (initiation) durant une série de voyages du Cheikh à l’intérieur de l’Algérie.

 

Ci-après un extrait du témoignage d'Augustin Berque, orientaliste, qui a rencontré le Cheikh al-‘Alâwî : « Il émanait de lui un rayonnement extraordinaire, un irrésistible magnétisme personnel. Son regard agile, lucide, d’une singulière attirance… Très affable, courtois, en retrait, tout de nuances et d’attitude volontiers conciliante. »

 

L’héritage spirituel qu’il a légué à l’humanité surprend encore aujourd’hui par son actualité et son universalité. L’école de pensée qu’il a revivifiée s’adresse au-delà du monde musulman à l’humanité tout entière. Elle invite à rétablir l’équilibre entre le sacré et le profane et à emprunter une voie d’amour, de réconciliation avec soi-même, les autres et l’environnement afin de vivre en paix.

 

Son arrière-petit-fils, le Cheikh Khaled Bentounes, Leader spirituel de la Voie soufie Alâwiyya, Président d'honneur d’AISA ONG Internationale, est l’initiateur de la Journée Internationale du Vivre Ensemble en Paix, adoptée par l’ONU et célébrée chaque année le 16 mai.

— Catherine Touaibi

 
Récit de voyage

C’est le 26 mars 2006 que je visite pour la première fois le tombeau du Cheikh al-‘Alâwî à Mostaganem. C’était un voeu qui m’était très cher et il a fallu patienter quelques années avant de pouvoir le réaliser. Au printemps, les paysages sont d’un vert brillant et je suis ravie d’apercevoir des champs d’oliviers. Même si je suis accompagnée par une famille algérienne, il faut demander le chemin à plusieurs reprises pour se rendre dans le quartier de Tidjit, là où se trouve le sanctuaire du Cheikh al-‘Alâwî. Rien n’est indiqué. L’accueil au sanctuaire est chaleureux. C’est le wakil (gardien) qui nous ouvre la porte. Tout l’endroit respire une paix profonde. C’est un moment de grâce. J’ai l’impression d’arriver à la maison.

 

La même nuit, dans un hôtel à Mostaganem, durant mon sommeil, je rêve que je me retrouve dans le sanctuaire du Cheikh al-‘Alâwî. Je me vois en train de lire Ayat al-Kursi en arabe, le verset du Trône. Ce qui est assez troublant car à cette époque, je ne le connaissais pas (encore). Je l’ai appris quelques années plus tard. Ayat al-Kursi est une des sourates parmi les plus importantes du Coran.

– Catherine Touaibi