Ibn Arabî – La voie du Savant

Né en 1165 à Murcia, Espagne

Mort en 1240 à Damas, Syrie

L’ignorance est l’ennemi de l’homme.

— Ibn Arabî

 

La destination du chercheur dépend de la route qu’il suit.

— Ibn Arabî

 

Ne prends ton savoir que de celui qui t'en fait voir les fruits.

— Ibn Arabî

 

Bibliographie

› ADDAS Claude, Ibn ‘Arabî ou La quête du soufre rouge, Paris, Gallimard, 1989

› ADDAS Claude, Ibn Arabî et le voyage sans retour, Paris, Seuil, 1996

› Ibn ‘Arabî, Les illuminations de la Mecque, Anthologie présentée par Michel Chodkiewicz, Paris, Albin Michel, 1997

Né en Andalousie en 1165, Ibn Arabî est considéré comme l’un des plus grands maîtres soufis, mystiques, philosophes et poètes.

 

Sa vie est un long parcours, jalonné de nombreux voyages au Maghreb et, également, d’expériences spirituelles très fortes, accompagnées de visions. Jésus, fils de Marie, tient une place exceptionnelle dans la vie spirituelle de Ibn Arabî ; durant plusieurs années c’est lui qui, à travers des visions, prend en charge l’éducation spirituelle du jeune mystique.

 

Ensuite il a l’occasion de côtoyer un nombre considérable de saints et de fréquenter les représentants les plus illustres du soufisme andalou et maghrébin. Parmi ses maîtres en Andalousie il y a aussi une femme âgée de 86 ans, Fâtima de Cordoue.

 

Ibn Arabî va vivre une expérience d’ouverture spirituelle à travers une vision qui regroupe les trois représentants majeurs du monothéisme : Moïse, Jésus et Muhammad. Cette « rencontre » dans le monde subtil pose les jalons de la pensée universaliste de Ibn Arabî.

 

En 1201, il quitte l’Espagne musulmane pour de longues pérégrinations en Orient : Le Caire, Jérusalem, La Mecque. Après avoir parcouru des milliers de kilomètres, il s’établit en 1223 à Damas en Syrie où il enseigne durant de nombreuses années.

 

Muhyî ud-Dîn Ibn ‘Arabî appelé Cheikh al-Akhbar (Grand Maître) a rédigé plus de 400 ouvrages et traités de métaphysique. Son œuvre est difficile d’accès et plus de sept siècles après sa disparition de nouveaux ouvrages sont édités. Ibn Arabî figure parmi les écrivains les plus féconds de la littérature arabe. Il disait de lui-même : « Je suis quelqu’un qui laboure le champ de la vie future. » Ibn Arabî a imaginé bien avant Dante la sagesse divine comme étant féminine. Il est mort à Damas en 1240.

 

C’est grâce à l’Emir Abd el-Kader (1808-1883) que son œuvre majeure Al-Futûhât al-Makkiyya (Les illuminations de la Mecque) est éditée. Le tombeau de l’Emir se trouve à côté de celui de son maître, Ibn Arabî.

 

L’école d’Ibn Arabî fut connue autrefois partout dans le monde musulman de la Chine jusqu’au Maghreb. Aujourd’hui ses textes sont étudiés au Japon, en Europe et aux Etats-Unis. Chaque année, la Ibn Arabi Society organise un symposium dédié à son œuvre qui demeure une référence majeure pour les chercheurs de Vérité.

— Catherine Touaibi

 
Récit de voyage

A mon arrivée à Damas en octobre 2008, au beau milieu de la nuit, je constate que ma valise a été ouverte et tous mes bijoux subtilisés, sauf un gros pendentif en argent en forme de coeur. Dépitée, je me rends compte combien cela m’affecte sur le moment et que le lâcher prise ne se fait pas tout seul. Il y a effectivement des épreuves à traverser, des barrières à franchir, des purifications pour brûler les scories à l’intérieur de soi afin de pouvoir se rapprocher du Divin. Un véritable lâcher prise n’est réellement intégré que lorsqu’on le vit, lorsqu’on est prêt à renoncer aux objets, aux situations et aux êtres que l’on aime. Toute notre vie est une succession de ces petits deuils, qu’on le veuille ou non. La vie des saints est l’exemple par excellence de tels épreuves et renoncements susceptibles de nous enseigner ; tout un parcours pour apprivoiser son ego, pratiquer le dépassement de soi, afin d’éventuellement, un jour, faire de Dieu une réalité.

 

Si on demande son chemin pour Ibn Arabî à Damas, les gens vous regardent avec étonnement. En fait il est connu sous le nom de Cheikh Muhyî ud-Dîn ! Son tombeau se trouve au pied du Mont Qâsiûn où il a été construit par le Sultan Sélim 1er. Au-dessus de la tombe, une mosquée a été érigée plus tard.

 

Pour accéder au sanctuaire d’Ibn Arabî, on doit donc emprunter un escalier qui s’enfonce dans les sols. S’incliner pour aller à la source ! Le lieu est simple. Il s’y dégage une grande force. Ibn Arabî, prodigieux monument de la philosophie et de la mystique, attire en permanence des chercheurs de vérité. Souvent des femmes récitent des oraisons.

 

C’est en quittant le tombeau par une porte arrière, en regardant à travers un petit grillage qu’une photo illuminée s’offre à moi.

– Catherine Touaibi