Najm ud-Dîn Kubrâ – La voie de l’Alchimie

Né en 1145 à Khiva, Ouzbékistan
Mort en 1221 à Kounia-Ourguentch, Turkménistan

Quand vous êtes en état de résonance avec les sphères célestes, Dieu est en votre regard.

— Najm ud-Dîn Kubrâ

 

Bibliographie

› Corbin Henry, L’Homme de lumière dans le soufisme iranien, Editions Présence, 1971

› Inayat Khan Pir Vilayat, A la recherche du trésor caché, Le courrier du livre, 2001

› Kubrâ Najm al-dîn, Confessions d’un soufi d’Asie centrale, Traduit par Zaïm Kenchelaoui, Ivry Bookpole, 2001

› Ruspoli Stéphane, Ecrits des Maîtres soufis, Traduction et présentation de trois traités de Najm Kubrâ, Editions Arfuyen, 2006

Fondateur de la confrérie Kubrâwiyya

Najm ud-Dîn Kubrâ fait partie des plus grands mystiques et maîtres du soufisme. Najm Kubrâ signifie la plus grande étoile. Il suit les enseignements de plusieurs maîtres dont Ismail al-Qsrî (m. 1193) et Rûzbehân Misrî (m. 1188) et ses voyages l’ont amené en Egypte, à la Mecque et dans les villes importantes de Perse : Nishapour, Hamadân, Ispahan.

 

On dit de Najm ud-Dîn Kubrâ qu’il était aussi tabib, médecin guérisseur. Najm ud-Dîn Kubrâ était en vérité un alchimiste qui enseignait la métamorphose de l’être. Doté d’un charisme exceptionnel, il a une foule de disciples et fonde la confrérie Kubrawiyya qui est pendant plusieurs siècles l’une des écoles spirituelles les plus érudites du soufisme.

 

Son enseignement majeur est basé sur la lumière et les phénomènes de couleurs perceptibles lors de certains états spirituels. Il consiste en une méditation précise se référant à différents points subtils dans le corps, appelés les lataïf - correspondant aux chakras qui, progressivement, grâce au souffle et à l’invocation, conduisent à une illumination intérieure. Comment permettre à la parcelle de lumière divine cachée à l’intérieur de chacun·e de s’activer et se transformer pour, par exemple, illuminer le regard et permettre de voir ce qui transparaît à travers ce qui apparaît ?

 

Dans son ouvrage « Les éclosions de la beauté et les parfums de la majesté », Najm ud-Dîn Kubrâ décrit avec précision les expériences du voyageur empruntant l’itinéraire mystique, notamment la perception des lumières de couleurs durant les périodes de retraites.

 

Lors de l’invasion mongole, Najm ud-Dîn Kubrâ a refusé de s’enfuir et a pris soin de renvoyer ses nombreux disciples, près de 600 compagnons. Il lutte contre les assaillants et perdit la vie en véritable chevalier.

 

L’héritage spirituel de la Confrérie Kubrawiyya a été en partie absorbé par la Confrérie Naqshbandiyya (Asie centrale) et la Nûrbakhshiyya (Iran). Signalons au passage que le père de Rûmî, Bahâ ud-Dîn Walad (m. 1230) est un éminent représentant Khalifa de la Kubrawiyya.

 

En face du mausolée de Najm ud-Dîn Kubrâ, se trouve celui du Sultan Ali (m. 1580). Il est fréquent que les Sultans demandent à se faire enterrer près d’un tombeau d’un saint.

— Catherine Touaibi

 
Récit de voyage

En 2001, lorsque Pir Vilayat Inayat Khan (m. 2004) m’attribua mon nom soufi Najm-un-Nisa (l’étoile des femmes), il me dit : « C’est en lien avec Najm ud-Dîn Kubrâ et la guérison. Un jour… je vous expliquerai… ». Ce jour n’est malheureusement jamais arrivé.

 

A chacun de ses séminaires, Pir Vilayat donnait beaucoup de valeur à l’enseignement de Najm ud-Dîn Kubrâ et nous guidait dans des méditations élevées, très lumineuses. Peu à peu, le nom de Najm ud-dîn m’est ainsi devenu familier et s’est gravé dans mon cœur. Lorsqu’on se souvient des êtres disparus, ils sont vivants en nous, peu importe l’époque. Le lien perdure au-delà du temps et de l’espace.

 

C’est pourquoi le voyage en 2019 à Konya Urgench, où est situé le sanctuaire de Najm ud-Dîn Kubrâ, aujourd’hui au Turkmenistan, était de la plus haute importance pour moi : je pouvais enfin me recueillir sur cette terre historique et m’accorder à une source de sagesse méconnue en Occident.

 

Selon Ibn Arabî, les Saints qui ont quitté ce monde lancent en permanence un regard bienveillant chargé de leur force spirituelle en direction de leur sanctuaire (Maqam).

 

Sous la coupole d’un autre tombeau, une rencontre tout à fait surprenante s’est produite.

– Catherine Touaibi