Sayyida Nafîsa – La voie des femmes savantes

Née en 762 à La Mecque, Arabie

Morte en 823 au Caire, Egypte

Bibliographie

› AMRI Nelly et Laroussi, Les femmes soufies ou la passion de Dieu, St Jean-de-Braye, Dangles, 1992

› BENTOUNES Khaled, L’héritage commun, Zaki Bouzid Editions, 2009

› GEOFFROY Eric, Nafîsa bint al-Hasan, Les femmes mystiques, histoire et dictionnaire, sous la direction d’Audrey Fella Paris, Robert Laffont, 2013

› HELMINSKI Camille Adams, Women of Sufism, a Hidden Treasure, Boston, Shambhala, 2003

Née à la Mecque en l’an 762, Nafîsa bint al-Hasan fait partie de la famille du Prophète Muhammad (Ahl al-Bayt). Elle est l’arrière petite-fille de l’Imam Alî et l’épouse du fils de l’Imam Jafar al Sâdiq.

 

Nafîsa grandit à Médine, puis s’établit avec sa famille au Caire. Sayyida Nafîsa (Dame Nafîsa) est réputée pour connaître le Coran et ses commentaires par cœur. Très pieuse et versée dans les sciences religieuses elle est connue comme la «Dame qui possède la science précieuse» (Nafîsat al ’ilm). Même l’Imam al-Shâfi’i, un des grands juristes musulmans, venait l’écouter lors de ses discours car il avait une grande considération pour elle. Lorsqu’il était malade, il envoyait un messager auprès de Sayyida Nafîsa lui demandant ses prières et dès le retour du messager, l’Imam al-Shâfi’i était guéri ! On rapporte que lors du décès de l’Imam Shâfi’i (m. 820), sa dépouille fut conduite à la maison de Sayyida Nafîsa pour qu’elle puisse diriger la prière funéraire, à la demande de l’Imam. Ce fait méconnu des Musulmans nous confirme qu’il l’a tenait en très haute estime et qu’à cette époque déjà une femme a pu diriger la prière !

 

On lui attribue de nombreux miracles – elle était connue pour guérir les maladies des yeux - et elle est considérée comme une sainte. Son tombeau au Caire est un lieu de pèlerinage très fréquenté aussi bien par les hommes que les femmes, les Chrétiens et les Musulmans, en particulier à la tombée du jour.

— Catherine Touaibi

 
Récit de voyage

Mardi 14 avril 2009. Le marchand de chapelet devant le tombeau nous demande si nous voulons voir quelque chose. Avec mon amie Souad nous acceptons même si nous n’avons aucune idée où il va nous emmener. L’homme nous conduit dans un cimetière que nous traversons en grande partie. C’est la première fois dans ma vie que je vois des gens qui habitent dans un cimetière. Il y a des milliers de tombes et autour des gens qui se sont installés de façon très rudimentaire. Cela me fait une drôle d’impression : les morts et les vivants sont réunis en un seul lieu. Arrivés devant une sorte de sanctuaire avec une coupole, de sa poche le marchand sort une clé et nous dit : « Voilà c’est le Mabad de Sayyida Nafîsa. C’est ici qu’elle se retirait pour des retraites. Vous pouvez entrer et y rester un instant. »

L’endroit sous-terrain est d’une grande sobriété. Un Coran est déposé sur un porte-coran en bois sculpté. Je m’installe sur le tapis vert et je goûte à un instant de sérénité.

 

Nous n’avions rien demandé. Et pourtant les portes s’ouvrent….Souvent quand on ne s’y attend pas, le Ciel nous envoie de petits clins d’œil !

 

Une amie qui habite depuis des années au Caire et qui va régulièrement au tombeau de Sayyida Nafîsa n’avait jusqu’alors jamais entendu parler de ce sanctuaire.

– Catherine Touaibi