Shâh Ni’matullâh Wali – La voie Persane

Né en 1331 à Alep, Syrie

Mort en 1431 à Mahan, Iran

Pour prendre son envol, l’oiseau doit sortir de son œuf et abandonner sa coquille.

– Shah Ni'matullahi

 

Tant que tu n’es pas détaché, tu ne peux atteindre le but.

– Shah Ni'matullahi

Bibliographie
  • › NURBAKHSH Javad Dr. , Masters of the Path. A history of the Nimatullahi Sufi Order, 1980, Khaniqahi Nimatullahi Publications, New York
  • › GEOFFROY Eric, « La seconde vague » dans Les Voies d’Allâh, Les ordres mystiques dans le monde musulman des origines à aujourd’hui. Sous la direction d’Alexandre Popovic et Gilles Veinstein, Paris, Fayard, 1996
  • › ZARCONE Thierry, « L’Iran » dans Les Voies d’Allâh, Les ordres mystiques dans le monde musulman des origines à aujourd’hui. Sous la direction d’Alexandre Popovic et Gilles Veinstein, Paris, Fayard, 1996
Fondateur de la confrérie Ni'matullahi

Sayed Nûr al Dîn bin ‘Abdullâh Shâh Ni’matullâh a fondé la principale confrérie soufie iranienne. Il est né en 1331 à Alep, son père Mîr Abdullah était un grand maître soufi de son époque et sa mère était d’origine persane.

 

Assoiffé de connaissances, il se met en quête d’un maître et, après de longues recherches, il rencontre à la Mecque le cheikh yéménite Abdullâh Yâfi’î (m. 1367) qui lui donne probablement le titre de « Shah » car les soufis étaient souvent comparés aux rois. Shâh Ni’matullâh devient son disciple et reste à son service durant sept années lors desquelles il atteint le rang de maître et devient son successeur. Le cheikh Yâfi’î contribue largement à la diffusion de la pensée d’Ibn Arabî. Shâh Ni’matullâh apprend par cœur l’ouvrage les Chatons de sagesse d’Ibn Arabî, le traduit en persan et en écrit même un commentaire.

 

La lignée spirituelle de son cheikh Yâfi’î remonte par trois générations au célèbre Sidi Abû Madyan (m. v.1198) à Tlemcen. Lorsqu’il quitte son maître, Shâh Ni’matullâh effectue une série de voyages le conduisant en Egypte, puis à Sharisabz, près de Samarcande. Puis il habite à Hérat où il se marie et son fils Burhân al-Dîn Khalilullâh va naître en 1373. Plus tard, ce dernier deviendra son successeur dans la voie soufie créé par son père. Puis Shâh Ni’matullâh se déplace à Mashad, ensuite Yazd pour finalement s’installer à Mahan près de Kerman où il passe les 25 dernières années de sa vie. C’est ici que se trouve son sanctuaire et sa Khânqâh, le couvent soufi sur une étendue de 6’000 m2.

 

Shâh Ni’matullâh a de nombreux disciples auquels il enseigne deux excellents moyens de purifier l’ego et le cœur: pratiquer la notion de service dans la société et se montrer bienfaisant envers tous les êtres humains. La renommée de Shâh Ni’matullâh se répand partout en Iran et en Inde. Le Sultan du Deccan en Inde, Ahmad Shâh Bahmanî lui adresse une invitation et Shâh Ni’matullâh lui envoie à sa place son fils qui va enraciner la confrérie en Inde. 250 ans plus tard, l’ordre soufi basé en Inde retourne en Perse.

— Catherine Touaibi

 
Récit de voyage

Il y a plus de quinze ans, j’avais beaucoup apprécié le livre « Dans la taverne de la ruine » du Dr Javad Nurbakhsh (m. 2008), maître en exil de la Ni’matullâhi. Ainsi la visite du sanctuaire en Iran du saint fondateur de la Ni’matullahi figurait en position éminente sur ma liste.

 

29 avril 2019 à Mahan en Iran : Tout autour du bâtiment, comme dans la plupart des sanctuaires, règne une grande paix. Pour accéder au mausolée qui est un bâtiment imposant, on traverse une cour intérieure remplie de fleurs arrosées par un jardinier. C’est un bel espace, bien ordonné et accueillant.

 

A l’intérieur du sanctuaire, deux femmes sont installées. Elles me sourient discrètement. Malgré l’ambiance plutôt solennelle du lieu, un chat saute à travers une ouverture dans une porte et vient même me saluer… On me laisse photographier les lieux. Je suis ravie d’être ici car j’attendais ce moment depuis des années.

 

La cellule de méditation (Chelle Khaneh) des 40 jours se trouve dans une autre pièce, à côté de la grande salle de prière. De très belles calligraphies ornent les murs et le plafond. Un dessin du sabre attribué à l’Imam Alî attire mon attention. Je m’interroge : Combien de temps Shâh Ni’matullâh et ses nombreux disciples ont passé dans cet espace restreint, combien d’invocations furent récitées ? Combien de retraites accomplies ? Ce lieu, chargé d’une vibration pure, me touche beaucoup. Je sens la Présence, c’est un espace rempli de vie. Je pourrais rester ici toute la journée. Etre en harmonie avec moi-même, en paix, dans un état où rien ne manque, où il n’y a pas de désirs, où rien ne demande à être changé. Etre, juste être. A chaque fois, dans les espaces sacrés, il se passe quelque chose de magique : j’oublie tout, je suis, tout simplement. C’est comme si je changeais de niveau de conscience, une part de moi grimpe quelques échelons d’une échelle invisible pour sentir et voir que tout est en ordre. Tout est Amour, Paix, et Beauté. Voici la force qui émane de ces sanctuaires.

– Catherine Touaibi