Tâhirü’l - Mevlevî

J’ai tout autant tiré de la joie d’apprendre que d’enseigner les choses. J’ai même éprouvé du plaisir à dire “je ne sais pas” sur les choses que j’ignorais. Car d’une certaine manière c’est aussi un enseignement…

Bibliographie

› Tâhirü’l-Mevlevî, Hayatı ve Eserleri, Şerh-i Mesnevî, Konya 1963, Sâdi Aytan.

› Tâhirü’l-Mevlevî Hayatı ve Eserleri, İstanbul 1991, Atillâ Şentürk.

› Şiir Açıklayan Mektuplar, Ankara 2012, Cemal Kurnaz.

› Tâhirü’l-Mevlevî, İstiklal Mahkemesi Hatıraları, İstanbul 2012, Nurcan Boşdurmaz.

Mystique, Mesnevîhan, homme de lettres, historien, écrivain et poète.

 

Tâhirü’l-Mevlevî (Olgun) est né en 1877 à Istanbul. Il est doté d’un esprit brillant et très curieux envers la science et la connaissance. Dès son plus jeune âge, il commence à suivre un enseignement sur le soufisme. Grâce à l’influx spirituel qu’il obtient lors des entretiens qu’il a avec différents maîtres, il développe aussi bien sa maîtrise de la langue persane que sa connaissance spirituelle du Mesnevî de Rûmî, composé de six tomes. A l’âge de seize ans déjà, grâce à sa puissante intuition, et la finesse de sa perception, il obtient l’autorisation d’exercer la fonction de “Mesnevîhan” lui conférant l’autorité pour lire et commenter le Mesnevî de Rumî.

 

A dix-sept ans, il devient Mevlevî en se rattachant au Cheikh Mehmed Celâleddin Dede du Mevlevîhâne de Yenikapı à Istanbul. Puis, lors d’un long voyage de plusieurs mois à destination du pèlerinage à la Mecque, il participe à des entretiens spirituels de soufis et de savants au Caire, à la Mecque et à Medine. Au cours de cette période consacrée à l’ascèse, à l’invocation de Dieu, à la méditation et aux entretiens spirituels, le Cheikh des cheikhs (Şeyhü’l-meşâyıh) de la Mecque lui confère deux autorisations spirituelles relatives aux confréries Qadiri et Rifa’î. Ces autorisations spirituelles furent par la suite entérinées par les grandes figures spirituelles de son époque et par le sceau de son propre Cheikh Mehmed Celâleddin Dede.

 

Tâhirü’l-Mevlevî écrit près d’une centaine de livres sur des sujets religieux et intellectuels tels que la vie du Prophète, l’histoire de l’Islam, Rûmî et la voie Mevlevî, des oeuvres littéraires, le commentaire de poèmes, des biographies, des articles de journaux, des traductions, ou encore sur la langue et la littérature persane. Selon lui, “Un ouvage traduit ne doit comporter aucune trace de la traduction”. Animé par une telle sensibilité, sa traduction en langue turque et son commentaire du Mesnevî de Rûmî intitulé Şerh-i Mesnevî et composé de dix-huit tomes fait littéralement partie des classiques du genre. Il est un poète particulièrement sensible. Doté d’une foi inébranlable et d’un amour divin infini, il déclame près de dix-mille vers.

 

Tâhirü’l-Mevlevî, qui fait sienne, toute sa vie durant, la maxime selon laquelle “Enseigner est l’aumône de la science”, forme des milliers d’élèves.  Il est continuellement habité par le profond désir d’apprendre, d’enseigner et la joie de transmettre sa science aux futures générations. Dans une lettre écrite en 1942, il se définit de la manière suivante: “J’ai tout autant tiré de la joie d’apprendre que d’enseigner les choses. J’ai même éprouvé du plaisir à dire “Je ne sais pas” sur les choses que j’ignorais. Car d’une certaine manière c’est aussi un enseignement…

 

Tâhirü’l-Mevlevî s’est mis au service de l’humanité en écrivant de précieux livres et en formant des élèves dotés d’une noble personnalité. Il est tout à la fois: le professeur de lettres et le maître spirituel de Şefik Can – Maître, Sertarîk et Mesnevîhan – connu pour ses travaux sur Rûmî et le Mesnevî. Dans la voie Mevlevi, le terme “Sertarîk” désigne le leader de tous les Mevlevis du monde; quant au terme “Mesnevîhan” il qualifie le spécialiste autorisé à expliquer et à commenter le Mesnevi.

 

Tâhirü’l-Mevlevî, qui vécut chacun de ses souffles en accord avec l’enseignement du Coran, s’est éteint le 20 juin 1951. Son tombeau se trouve dans le cimetière du Mevlevihâne de Yenikapı à Istanbul à côté des autres cheikhs et derviches Mevlevi.

 

 

– Bahar Can

Traduction Levent Kılıç