Ahmad Yasawî – La voie des Chamanes

Né en 1093 à Sayram, Kazakhstan
Mort en 1166 à Turkestan, Kazakhstan

Heureux sont ceux qui ont harmonisé leur monde intérieur et extérieur !

– Ahmad Yasawî

 

Bibliographie

› ZARCONE Thierry, « Ahmad Yasavï héros des nouvelles républiques Centrasiatiques » dans Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, Figures mythiques des mondes musulmans, Juillet 2000

› ZARCONE Thierry, « La Naqchbandiyya » dans Les Voies d’Allah, Les ordres mystiques dans l’Islam des origines à nos jours, Sous la direction de Alexandre Popovic et Gilles Veinstein, Fayard, Paris, 1996

› ZARCONE Thierry, « L’Iran » dans Les Voies d’Allah, Les ordres mystiques dans l’Islam des origines à nos jours, Sous la direction de Alexandre Popovic et Gilles Veinstein, Fayard, Paris, 1996

Fondateur de la confrérie Yasawîyya

Le plus grand sanctuaire d’Asie centrale est celui d’un illustre maître soufi, Khoja Ahmad Yasawî (m. 1166), situé à Turkestan, aujourd’hui au Kazakhstan. C’est lui qui introduit l’islam aux nomades de la steppe kazakhe. On sait assez peu de choses sur sa vie sauf qu’il eut de nombreux disciples et composa des poèmes mystiques en langue turque.

 

A la mort de son maître soufi Arslan Baba, il se rend à Bukhara et se rattache au maître soufi Yûsuf Hamadâni (m. 1140), l’un des célèbres érudits de l’époque et fondateur de la tarîqa-i khwâdjagân, la voie des maîtres, dont il devient l’un des successeurs.

 

La confrérie Yasawîyya, à laquelle des influences chamaniques ont été intégrées, est apparue à partir du 13ème siècle. Durant trois siècles, la Yasawîyya figurera parmi les voies soufies les plus importantes d’Asie centrale avant qu’elle ne soit en grande partie absorbée par la confrérie des Naqshbandis au 16ème siècle.

 

Aujourd’hui la ville de Turkestan au Kazakhstan est un important lieu de pèlerinage qui attire chaque année des milliers de visiteurs. L’architecture majestueuse du mausolée d’Ahmed Yasawî témoigne de la richesse de l’héritage spirituel le long de la Route de la Soie. Sa coupole avec un diamètre de 18,2 m est la plus grande d’Asie centrale. L’édifice a été reconstruit par Amir Timur (Tamerlan) entre 1389 et 1405; c’est une réalisation exceptionnelle de l’architecture timuride.

 

La légende dit qu’à l’âge de 63 ans, Ahmed Yasawî, est entré en retraite dans la Chilla-Khonah, la salle souterraine de retraite située à quatre mètres de profondeur. Il y passa le reste de sa vie en méditation.

 

Le mausolée abrite un immense chaudron de deux tonnes, constitué de sept métaux avec une capacité de 3’000 litres. Il était jadis rempli d’eau sucrée destinée aux pèlerins. En 2002 le monument est inscrit au patrimoine de l’UNESCO comme premier patrimoine kazakh.

 

Signalons au passage que Haci Bektashi (m. 1270) a été fortement influencé par la philosophie de Ahmad Yasawî.

 

Suite à la disparition du régime soviétique, on assiste à la reconstruction de la culture et à la réhabilitation des grandes figures historiques de l’Asie centrale. Khoja Ahmad Yasawî en fait partie et il a été réhabilité par les nouvelles républiques centrasiatiques qui souhaitent un islam tolérant. Son sanctuaire est le lieu le plus sacré du Kazakhstan.

— Catherine Touaibi